Le bleu n'abîme pas

Résumé : Au milieu des volutes et des rires d’une boîte de nuit parisienne, le regard d’un homme inconnu, puis ses doigts se collent à ton corps. Tu voudrais partir, te détacher, mais tu restes immobile et muette. “ Tu viens d’où ? ” sont les premiers mots qu’il prononce. Les métisses, ça l’excite, il ajoute. Dans l’espace clos et aveugle du fumoir, les mots fuient, ta fierté aussi. Celle qui auréolait ton histoire familiale éclatée entre le Niger, l’Argentine, l’Algérie et la France. L’agresseur du fumoir et d’autres avant lui, d’autres après lui, salissent, ternissent ton amour pour le récit de tes origines familiales. Souillé par leurs bouches, tu n’en veux plus. Tu voudrais presque l’occulter en même temps que l’agression, le recouvrir du voile bleu de l’oubli. Le bleu est doux, le bleu plaît, le bleu n’abîme pas. Recouvrir de bleu ce corps érotisé, ce corps exotisé et l’histoire qui va avec.

MASSE CRITIQUE BABELIOSOCIÉTÉ

Antiigone

8/19/20242 min read

Le bleu n'abime pas.
Le bleu n'abime pas.

Bonjour tout le monde !

Aujourd'hui, c’est la sortie de « Le bleu n’abîme pas » , le premier roman d’Anouk Schavelzon, aux éditions du Seuil. Et voici mon avis ! J’ai eu la chance de découvrir ce roman grâce à une Masse Critique Privilégiée de Babelio, que je remercie pour leur envoi, de même que la maison d’édition.

Dès les premières pages, avec des chapitres très courts, on est plongés dans la vie de l’héroïne, tantôt enfant, adolescente ou adulte. Elle nous raconte son histoire d’enfant et de femme Noire, que l’on questionne toujours sur ses origines à chaque rencontre. Elle met également en exergue d’autres situations où son apparence physique est jugée et où elle subit une certaine pression sociale du fait de ses origines métissées.

J’ai bien aimé découvrir l’évolution de cette femme forte par nature… ou par défaut. Avait-elle le choix ? Sans tabous, elle nous raconte cette vie où elle doit sans cesse se battre et subir les préjugés liés à ses origines.

Les sauts temporels m’ont parfois un peu perdue. Le récit m’a laissé une sensation décousue, comme si chaque chapitre n’avait pas vraiment de lien avec le suivant ou le précédent. Ce sont des bribes d’une vie. J’ai donc eu du mal à comprendre certains traits de sa personnalité et à m’attacher à ce personnage dont nous n’avons que quelques morceaux choisis. Je me demande toujours où l’auteure a voulu en venir, mis à part raconter cette histoire. Qu’en retenir ? Il n’y a, selon moi, ni début ni fin, comme si chaque partie était un instantané du temps qui passe.

La plume de l’auteure est, selon moi, le gros point fort de ce récit. En peu de mots, elle parvient à créer une ambiance autour de son personnage et sait mêler prose et poésie pour offrir au lecteur un roman varié et une plume riche. Cela m’a dérouté au début, m’attendant à un roman en bonne et due forme, mais je me suis prise au jeu par la suite et cette sorte de slam ou de rap permet de lire entre les lignes pour un impact encore plus fort des mots utilisés.

Pour conclure, ce livre est intéressant par sa forme et son fond, qui retrace la vie d’une femme métissée et met en exergue les injustices et les jugements dont elle est victime de la part de la société. Le roman est une bonne manière d’aborder ces thématiques pour sensibiliser le lecteur.